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Rachid Benzine : La culture, un véritable soft power au service d’une meilleure compréhension franco-marocaine

Rachid Benzine : La culture, un véritable soft power au service d’une meilleure compréhension franco-marocaine
Le Maroc et la France peuvent compter sur la culture comme « véritable soft power » pour renforcer leurs relations et leur rapprochement sur la base d’une meilleure compréhension mutuelle, estime l’intellectuel franco-marocain Rachid Benzine.

 « La culture ou les cultures d’un pays c’est l’archétype des représentations d’une société, c’est son soubassement et donc un passage obligé pour la comprendre », confie, dans un entretien à la MAP, cette figure culturelle marquante de la diaspora marocaine de France, avec à son actif de nombreuses contributions en tant qu’islamologue, politologue, romancier ou encore dramaturge.
M. Benzine souligne, à cet égard, l’importance de l’apport des Marocains et en particulier le travail des intellectuels comme vecteurs de compréhension mutuelle.

 « C’est à travers la culture (roman, cinéma, art, patrimoine…) que l’on peut saisir ce qu’est une société », insiste celui qui se considère comme « un pont » entre le Maroc et la France « constamment en train de traduire d’une langue à une autre ».

Partant de la conviction que le travail de l’intellectuel « c’est d’abord d’essayer de problématiser, de se poser les bonnes questions, et non pas d’apporter des réponses », il souligne qu’il s’agit, en l’occurrence, de « bien problématiser les enjeux qui sont à l’œuvre entre le Maroc et la France, et leurs relations à l’aune de 2024, pour ne pas répéter le sens commun, celui véhiculé notamment par les médias».
 
+Le Maroc a son propre récit+ (INTER TITRE)

Aujourd’hui, relève- t-il, le Maroc « devient une puissance régionale, il a son propre récit, il a une vision ». Autant de paramètres que le travail d’intellectuel est censé, dit-il, pouvoir « traduire et en montrer la complexité ».
Pour cela, un travail sur « l’imaginaire » s’impose, d’après l’écrivain qui estime que « pour parler à une société il faut connaître son imaginaire ».

L’œuvre intellectuelle et littéraire de Rachid Benzine, centrée autour de « la question de la reconnaissance » (la reconnaissance des uns et des autres, des cultures, des pays et des enjeux) en dit long sur sa conviction en tant qu’auteur, particulièrement sensible à la force de la fiction et de l’émotion pour convaincre.

 « Parfois en passant par un film, une pièce de théâtre, la littérature, la musique, vous avez beaucoup plus d’impact que par la raison analytique », affirme celui qui a signé, entre autres, « Les Silences des Pères » en 2023.

A travers ce récit, Rachid Benzine revient sur l’histoire de l’immigration maghrébine en France, en évoquant son enfance et ses racines marocaines, comme il l’avait déjà fait dans de précédents livres : « Ainsi parlait ma mère », (2020) et « Voyage au bout de l’enfance (2021).

Il perçoit cette contribution comme « une forme de reconnaissance » envers ces Marocains qui sont arrivés en France dans les années 50-60-70 et qui ont contribué à sa reconstruction.
En optant pour la fiction, il souhaite « rendre visibles ces vies minuscules qui sont en fait des grandes vies ».

 « Sans récit, il n’y a pas de reconnaissance », explique l’écrivain pour qui cette notion est étroitement liée à celle de la justice.
Mais il est essentiel de s’approprier son récit, prévient-il. Et là encore, le rôle de la culture est déterminant, selon lui, pour contrer « cette guerre de récits » qui émerge dans les sociétés occidentales concernant la question identitaire.

 « C’est par la culture que l’on impose un récit, un imaginaire et une représentation, et toute la question est de savoir dans quelle mesure les Marocains et la diaspora vont-ils participer à d’autres récits qui mènent à l’action », conclut-il.

Par Amal Tazi (MAP)

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