Le sommet des Brics, bloc des pays émergents, se tient jusqu’à jeudi à Kazan sur les rives de la Volga, avec le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, mais sans le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva.
Ce dernier a annulé dimanche son déplacement au sommet auquel il assistera en visioconférence pour des raisons médicales, ses médecins lui ayant déconseillé le voyage après un accident domestique, a informé la présidence brésilienne.
Le Kremlin se flatte d’organiser « l’événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie ».
Il intervient alors que Moscou gagne militairement du terrain en Ukraine et a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires des Etats-Unis: la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
Le Kremlin est aussi parvenu à entretenir ses partenariats avec des pays qui restent liés aux Occidentaux.
Les présidents chinois, Xi Jinping, et iranien, Massoud Pezeshkian, sont attendus. Moscou table aussi sur la présence de l’indien Narendra Modi et du turc Recep Tayyip Erdogan.
Du fait de la présence du M. Pezeshkian, en pleine escalade avec Israël, les participants au sommet devraient discuter de la guerre à Gaza et au sud-Liban. Mais sur ces dossiers, la Russie semble vouloir garder des distances, se bornant jusqu’ici à appeler les parties à la retenue.
Ce sommet des Brics (acronyme de Brésil, Russie, Inde, Afrique du Sud et Chine) « vise à montrer que la Russie est non seulement loin d’être isolée, mais qu’elle a des partenaires et des alliés », assure à l’AFP l’analyste politique Konstantin Kalatchev, basé à Moscou.
Visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de la déportation d’enfants ukrainiens, dont Kiev accuse Moscou, Vladimir Poutine avait dû renoncer à se rendre au précédent sommet du bloc en Afrique du Sud.
Pour cette réunion à domicile, le Kremlin juge « crucial » de démontrer qu' »il y a une alternative aux pressions occidentales (…) et que le monde multipolaire est une réalité », selon M. Kalatchev.
Moscou présente son assaut contre l’Ukraine non pas comme une guerre de conquête, malgré ses nouvelles annexions revendiquées de régions ukrainiennes après celle de la Crimée en 2014, mais comme un conflit provoqué par l’hégémonisme américain.
« La Russie (…) cherche des relations qui se basent sur le droit international et non pas sur des règles établies par des pays en particulier, notamment les Etats-Unis », a dit le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, revendiquant le soutien de « la majorité écrasante des pays » du monde.
Réunissant « le Sud global et l’Orient » pour faire contrepoids, d’après Moscou, aux Occidentaux, les Brics doivent « construire brique par brique un pont vers un ordre mondial plus juste », a jugé le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Pour les Occidentaux, la Russie est au contraire dans une logique de domination de ses voisins, et cherche à imposer une loi du plus fort à l’échelle internationale.
En présentant son « plan pour la victoire », le président ukrainien Volodymyr Zelensky a d’ailleurs souligné qu’un succès de la Russie risquerait de faire des émules.
« Si Poutine atteint ses objectifs insensés – géopolitiques, militaires, idéologiques et économiques -, d’autres agresseurs potentiels auront le sentiment que les guerres d’agression pourraient leur être bénéfiques », a-t-il fait valoir.
Comptant quatre membres (Brésil, Chine, Inde et Russie) à sa création en 2009, le bloc des Brics a intégré l’Afrique du Sud en 2010 et été rejoint cette année par quatre pays (Ethiopie, Iran, Egypte et Emirats arabes unis)
La Turquie, un membre de l’Otan qui entretient une relation complexe à la fois avec Moscou et l’Occident, a annoncé début septembre vouloir rejoindre le bloc.
Selon M. Ouchakov, tous les pays membres des Brics devaient être représentés à Kazan par leurs dirigeants, sauf l’Arabie saoudite qui enverra son chef de la diplomatie. Mais le président brésilien ne sera donc pas là non plus.
L’absence du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, qui est allé cette semaine à Bruxelles, a alimenté des spéculations sur d’éventuels désaccords entre les deux poids lourds énergétiques mondiaux.
« Il est clair que le Kremlin aurait aimé voir le prince héritier », estime M. Kalatchev, avant d’ajouter qu’au fond, « tout va plutôt bien pour le Kremlin ».
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