À la faveur de la réconciliation maroco-française, l’industrie de défense de l’Hexagone espère retrouver ces jours de gloire au Royaume. En témoignent les contrats qui se négocient en coulisses. Décryptage.
La visite du président Emmanuel Macron au Maroc est censée relancer le partenariat militaire entre Paris et Rabat. Ce serait une opportunité de conclure de nouveaux contrats juteux pour l’Industrie française. Un sous-marin et des hélicoptères feraient d’ores et déjà l’objet de discussions “sérieuses” entre les deux pays, révèle le quotidien “La Tribune”. Le Maroc serait intéressé par les hélicoptères Caracal, construits par Airbus. Près de 18 unités feraient l’objet des négociations, selon la même source. Le contrat pourrait s’élever jusqu’à 800 millions d’euros. Ces appareils sont destinés aux Forces Armées Royales et à la Gendarmerie Royale. Ils devraient être produits dans les sites de Marignane et Brodes.
Destiné au transport militaire, le Caracal est souvent utilisé pour les missions de sauvetage pendant le combat de même que pour la mobilité légère des troupes dans des environnements hostiles. Ça se distingue par sa capacité de transporter un équipage de 28 commandos, en plus d’une équipe de soignants. Cet aéronef a acquis beaucoup de notoriété auprès du grand public lorsqu’il a figuré au grand écran dans le célèbre blockbuster de Tom Cruise « Mission impossible : Fallout », dont une grande partie fut tournée en France.
Il devrait ainsi renforcer l’arsenal aérien des Forces Royales Air qui s’emploient depuis des années à moderniser leur flotte d’hélicoptères que ce soient ceux de combat ou de transport. Dans ce segment, le Maroc semble diversifier ses choix. En témoigne la commande passée au constructeur brésilien Embraer pour les avions de transport C-390 Millennium.
Sous-marins : La France face à la concurrence coréenne
Par ailleurs, les pourparlers franco-marocains s’étendent jusqu’au domaine naval. Le Maroc serait disposé à acheter un premier sous-marin sans opter définitivement pour le fournisseur. Le Royaume reste partagé entre la technologie française, incarnée par Naval Group, et les concurrents sud-coréens Hanwha et Hyundai qui auraient, selon La Tribune, proposé des sous-marins moins coûteux avec une technologie aussi sophistiquée que celle proposée par les Français.
Paris attend sa rétribution !
“L’armement c’est 50% de militaire et 50% de géopolitique”, rappelle un ancien général français qui explique que la conjoncture politique est décisive dans la coopération militaire. Cette commande intervient dans un contexte d’idylle entre Rabat et Paris qui s’apprêtent à sceller officiellement leur réconciliation lors de la visite du président Emmanuel Macron au Maroc. Prévu fin octobre, le déplacement présidentiel est le couronnement d’un long parcours de réchauffement entre les deux pays après une brouille diplomatique inédite.
Le Locataire de l’Elysée se rend au Royaume à l’invitation de SM le Roi dans le cadre d’une visite d’Etat après qu’il s’est résolu enfin à soutenir la marocanité du Sahara dans la lettre qu’il a envoyée au Souverain à l’occasion de la Fête du Trône. En résumé, il a clairement dit que le présent et l’avenir du Sahara ne sont nullement imaginables en dehors de la souveraineté marocaine. Macron a fait ce que le Maroc attendait depuis longtemps de l’un de ses plus proches alliés : un alignement clair et sans équivoque sur la souveraineté pleine et entière du Royaume après des années de positionnement dans une sorte de zone grise très accommodante pour Paris qui veillait à ne pas froisser l’Algérie par son soutien trop visible au Maroc. Cette clarification a ouvert la voie à la relance de l’axe Paris-Rabat. Chez les Français, on espère rebâtir un nouveau partenariat pour les 25 ans à venir. C’est ce qu’a confié l’ambassadeur de France, Christophe Lecourtier, à “L’Opinion” dans une récente interview.
On n’est plus tout de même en terrain conquis !
Cette nouvelle idylle suscite l’appétit des hommes d’affaires de l’Hexagone. C’est aussi une opportunité pour les industriels français de la Défense de faire leur grand retour dans la liste des fournisseurs du Maroc après des années de marginalisation au bénéfice des fabricants américains qui accaparent la majeure partie du butin.
Les FAR achètent près de 90% de leur armement auprès des Etats-Unis. La place de la France n’a eu de cesse de s’amenuiser, surtout après l’entrée sur scène de nouveaux fournisseurs à grande capacité de frappe comme les Israéliens, les Turcs et les Chinois.
Toutefois, la coopération militaire franco-marocaine résiste à l’épreuve du temps. En témoigne le succès de quelques récents contrats tels que celui des canons Caesar.
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