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Interview avec Amine Berrada Sounni : « Une croissance de 6,5% est le seuil indispensable pour résorber le chômage »

Interview avec Amine Berrada Sounni : « Une croissance de 6,5% est le seuil indispensable pour résorber le chômage »

Le Sommet MENA YES !, consacré à l’employabilité des jeunes dans la région MENA, s’est déroulé, les 7 et 8 octobre à Casablanca. À cette occasion, Amine Berrada Sounni, Président du Conseil d’Administration d’EFE-Maroc, a accepté de partager ses réflexions et ses perspectives sur les défis et les solutions liés à l’employabilité des jeunes dans cette partie du monde.

Le chômage est une problématique persistante dans la région MENA, notamment chez les jeunes. Comment EFE-Maroc se positionne-t-elle face à ce défi et quelles sont les stratégies que vous mettez en place pour améliorer l’employabilité ? Le chômage reste une problématique majeure qui touche durement la région MENA. À EFE-Maroc, nous travaillons, depuis plus de 10 ans, pour améliorer l’employabilité des jeunes à travers la formation en Soft Skills, en complément de l’enseignement académique, afin de les préparer aux exigences du marché du travail. Nous identifions les besoins réels des employeurs et orientons nos programmes en conséquence, tout en faisant appel à des partenaires pour soutenir financièrement ces initiatives.

EFE a formé des dizaines de milliers de jeunes au fil des années, en leur offrant à la fois des compétences et des connexions directes avec le monde professionnel. Le Sommet d’aujourd’hui vise à répondre aux défis que nous rencontrons, en particulier le manque d’efficacité dans la collaboration entre les différents acteurs concernés. Pendant ces 48 heures, nous allons explorer des solutions concrètes pour améliorer notre impact et répondre de manière plus efficace à cette problématique critique.
  Quels sont, selon vous, les principaux obstacles auxquels font face les jeunes de la région MENA dans leur quête d’emploi ? Et comment EFE-Maroc peut-elle contribuer à surmonter ces défis ? Il est indéniable que les jeunes sont confrontés à de nombreux obstacles lorsqu’ils cherchent un emploi, notamment l’insuffisance d’opportunités sur le marché du travail. Si l’on prend du recul pour observer toute la région MENA, ces difficultés se multiplient à cause des guerres, des crises économiques et de l’instabilité. Lesquelles freinent la croissance et l’emploi. Si nous zoomons sur le Maroc, comme l’a souligné le ministre de l’Inclusion Économique, Younes Sekkouri, un des défis majeurs est l’exode rural. Le réchauffement climatique aggrave également la situation, poussant de nombreux jeunes à quitter leurs villes natales pour les métropoles, souvent sans formation ni compétences adaptées aux besoins du marché urbain.

Cela met une pression énorme sur l’État et les acteurs du secteur pour intégrer ces jeunes dans le tissu économique. Chez EFE-Maroc, nous travaillons justement à combler ce fossé en formant ces jeunes aux compétences nécessaires, et en les connectant à des opportunités concrètes d’emploi. Il faudrait atteindre une croissance d’au moins 6,5% pour que le Maroc se positionne comme un pays émergent et réduire le chômage de façon significative. À ce niveau, la création d’emplois deviendrait presque une conséquence naturelle de la dynamique économique. Dans quelle mesure la croissance économique actuelle et des événements majeurs, comme l’organisation de la Coupe du Monde 2030, peuvent-ils contribuer à résoudre le problème du chômage au Maroc ? Si nous réussissons à générer une croissance économique suffisante, cela permettrait de bâtir l’emploi en parallèle. Mais la réalité est que, depuis quelques années, la croissance oscille entre 2% et 3%, ce qui est bien en dessous de ce qu’il faut pour absorber la demande d’emploi. Des études menées par des spécialistes estiment qu’il faudrait atteindre une croissance d’au moins 6,5% pour que le Maroc puisse véritablement se positionner comme un pays émergent et réduire le chômage de façon significative. À ce niveau, la création d’emplois deviendrait presque une conséquence naturelle de la dynamique économique.

L’organisation de la Coupe du Monde 2030 nous offre justement une opportunité stratégique pour accélérer cette dynamique. Cet événement mondial peut créer un effet d’entraînement positif, attirant des investissements, stimulant les infrastructures, et générant des milliers d’emplois dans divers secteurs, de manière directe et indirecte.

Quel rôle attribuez-vous au secteur privé dans la lutte contre le chômage et la création d’emplois au dans le Royaume, notamment à travers les partenariats public-privé ? Le secteur privé est, en effet, primordial dans cette démarche, car il constitue un pilier central de la stratégie nationale pour l’emploi. Une grande partie des opportunités d’emploi dont le pays a besoin doit provenir de ce secteur. Cependant, pour que le secteur privé puisse libérer son plein potentiel, il est essentiel de lui offrir la visibilité et les conditions nécessaires à son expansion. Cela inclut bien sûr des investissements conséquents et des partenariats public-privé efficaces.

En stimulant le secteur privé à travers des politiques de soutien et des initiatives de collaboration avec l’État, nous pouvons générer un écosystème favorable à la création d’emplois durables. Cela permettra de répondre aux besoins croissants en matière d’emploi dans les années à venir.
  Quels secteurs, selon vous, joueront un rôle clé dans la création d’emplois au Maroc dans les prochaines années ? L’industrie est sans doute l’un des secteurs les plus prometteurs en matière de génération d’opportunités d’emploi au Maroc. Le tourisme, notamment avec l’approche d’événements majeurs comme la Coupe du Monde 2030, a également un rôle essentiel à jouer. Ces deux secteurs sont, pour moi, les plus porteurs d’espoir en matière de création d’emplois dans les années à venir.
Quant à l’agriculture, elle pourrait retrouver une place prépondérante si les conditions climatiques nous sont favorables. Si les pluies sont au rendez-vous, cela ouvrirait également la voie à des opportunités d’emplois considérables dans ce secteur. C’est un processus concret et tangible qui vise à démocratiser les compétences souvent perçues comme un luxe, et à les rendre accessibles à tous. Comment EFE-Maroc travaille-t-elle avec les institutions éducatives pour améliorer l’employabilité des jeunes ? Nous menons un travail de longue haleine en collaboration avec les universités, l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail, ainsi que l’ensemble de l’écosystème éducatif, afin d’intégrer les Soft Skills dans leurs cursus. Notre approche se concentre sur la formation des formateurs et la création de cours pratiques, loin des méthodes purement théoriques, pour offrir un développement comportemental et entrepreneurial. C’est un processus concret et tangible qui vise à démocratiser les compétences souvent perçues comme un luxe, et à les rendre accessibles à tous.
  Quelle place accorde EFE-Maroc à la parité dans ses programmes de formation ? La parité est un pilier indiscutable dans toutes les stratégies que nous pilotons. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’annoncer que plus de femmes que d’hommes bénéficient des cursus proposés par EFE. Nous atteignons actuellement un taux de 53% de femmes contre 47% d’hommes, ce qui démontre notre engagement à promouvoir l’égalité des sexes et à offrir des opportunités équitables à toutes et à tous.
  Comment EFE contribue-t-elle à favoriser la coopération régionale dans la lutte contre le chômage des jeunes dans la région MENA ? EFE aspire à faciliter le dialogue entre les différents pays de la région MENA, étant donné notre présence dans plusieurs d’entre eux. Ces pays répondent toujours favorablement à nos invitations aux débats, ce qui permet de mettre en lumière les meilleures pratiques. L’objectif est de les partager et de les généraliser à travers la région pour améliorer l’employabilité des jeunes et relever les défis communs du chômage.

Recueillis par Yassine ELALAMI

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